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Trap no hiphop

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Bon, on commence par évacuer l’autotune. Par définition le hiphop est une performance vocale calée sur la rythmique donc l’autotune qui consiste à rendre mélodique ce qui rentre dans le micro exclu directement tout recours à cette technique. Point évident. Formel. On passe du rap au chant, ce n’est plus du hiphop. Le fait même de parler de trap est alors plus que déceptif.

Ensuite viens la partie plus critique mais pourtant essentielle. Dans l’histoire du hiphop, on distingue plusieurs phases générationelles quand à la partie instrumentale sur laquelle le flow vocal est posé. Chronologiquement on a entendu des boites à rythme car le matos disponible était rare. Ensuite, il s’agit d’un mix de disques (vinyles) actionnés par un DJ, notamment par la technique que l’on appelle le merrygoround, c’est à dire faire tourner deux disques identiques, chacun sa platine, sur le même passage (break) alternativement afin de le rendre uniforme par bouclage.

La phase suivante est liée à l’apparition du sampler (SP-1200, MPC, …). Avec ce type de machine on vas sampler le break, c’est à dire isoler un enregistrement digital d’un extrait d’un disque et le modifier, le transformer, le mixer et enfin le boucler. On considère cette période comme l’âge d’or du boom-bap et la phase la plus inventive de la création de pistes instrumentales. Reste que les avocats des maisons de disques ont trouvé à redire face à cette technique, estimant ces emprunts illégaux vis à vis du copyright. Ce point est extrêmement critiquable pour de raisons juridiques mais c’est un autre sujet.

Reste que dans l’histoire du hiphop, la phase suivante consiste à remplacer le recours au sampling pour les rythmiques à l’usage de boîtes à rythme. Notons bien, car c’est le point important que cette évolution n’est pas du tout un choix artistique mais le résultat d’une pression économique et juridique donc un asservissement politique.

Le recours aux boites à rythme du trap n’est qu’un retrait. Ainsi, c’est tout la tradition de l’emprunt à un patrimoine commun qui s’effondre. Dès lors la question de savoir s’il s’agit encore de hiphop se pose avec une grande acuité. Pour moi, la réponse est non. De plus ce retrait alimente le fait de salir l’opinion que l’ont peux développer sur la légitimité du sampling. On n’ose plus donc on donne du grain à moudre à ceux qui oseraient continuer à sampler, donc à la légende urbaine qui c’est une pratique à proscrire.

Autotune et boites à rythme, on obtiens une pop bien sucrée et facile à digérer pour les avocats et le public. Sans parler de l’évolution des lyrics et de l’imagerie du mouvement, pour moi, le trap n’est pas du tout du hiphop.

One Response to “Trap no hiphop”

  1. Habett says:

    J’avais oublié la pratique du scratch sans vinyle.

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