My Crush on Krush

... and other musical addictions.

Archive for the ‘ memories ’ Category

God tricks

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A réécouter le Tricky des débuts, contextuellement à propos de l’album Nearly God, on est traversé par la question de sa mystique. Déjà la grosse tête ? Trop jeune pour la crise religieuse ? Pieuse nature ?

Pour moi c’est exactement ce que décrit Hermann Hesse dans le loup de steppes. Vers la fin il a une expérience narco-psychedelique et il a un rapport avec une femme, ce qui le conduit à penser que toutes les femmes sont à lui. C’est une psychose généralisante assez commune.

Dans le cas de Tricky, il a une expérience narcotique et sort un album sous le nom de groupe Nearly God, après avoir testé le terrain en demandant sur son premier album Maxinquaye si l’enfer est au coin de la rue ?

Ce premier album fut un tel succès qu’il est grisé. Capable de transmettre un message implicite par sa musique, il dresse son constat mystique s’il en est et le généralise du même coup. Je pense que depuis il est, malheureusement, redescendu sur terre, False Idols, mais il y a des restes stylistiques de gospel. Reste qu’il marque avec ses premiers albums au moins la formalisation d’une seconde weed-religion après le rastafarisme jamaïcain, le trip-hop, virtuellement le bond par delà le voyage du délire psychédélique.

Fortran numbers

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Ayant eu le grand privilège de revoir The Orb avec Lee Scratch Perry à un festival de dub malheureusement mal mixé, ou du moins mixé de manière à rendre hommage à l’ancêtre de la musique moderne, je ne pouvais qu’une fois de plus me lancer à la recherche de mes propres racines. Cette quête m’ayant amené à financer le prochain album de Kris Trash Weston  par un modique investissement, me me retrouve ce matin à explorer sur Discovr et tomber nez à nez avec une terrible réalité: je ne connaissais pas Fortran 5.

Le geek que je dois être n’a de surcroit jamais programmé dans ce language.

Premier album, Blues de 1991, acid house avec déjà des samples osés et des  des basses dignes des noms précédemment cités. Je vous mets donc une video de Bike pour vous mettre tout de suite dans le bain et vous envoyer faire la queue dans une pharmacie ou chez un dealer :

Bref, summer of love, chill out rooms, tout y est. Je n’ai pas vécu celà en 1991 (!!!) date de sortie de cet opus celeste et toxique. J’étais pourtant étudiant mais sous d’autres influences. Il faut attendre 1993 pour la sortie du deuxième album de Fortran 5 “Bad Head Park” et là c’est l’extase assumée et vécue par procuration en raison du malheur qu’est de vivre du mauvais côté de la mer. Non seulement c’est une pluie acide mais il y a cette dimension ambient music, ces synthés très longs, ces bruits venus de toutes parts, un vrai trip pour qui est attentif. Le KLF n’est pas loin mais beaucoup moins pop. On les  imagine en train de sampler des téléphones mobiles comme scanner le fera plus tard ou des explorations spatiales comme le firent The Orb. Guitares, lignes de basses cosmiques.

Je voulais vous laisser retourner à vos explorations intérieures avec Heavy Clouds Building mais, n’en trouvant la video et me disant qu’il me faut vous faire faire des économies de psy, voici Persian Blues :

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Ottopost

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Je m’étais juré de ne pas parler de mes propres productions ici mais peut-être le temps est-il venu, ou au moins une fenêtre hors du flow des vrai releases permet-il d’évoquer mon travail, avec ce 79ème album !!!

79, oui, 951 morceaux. A peine plausible. Pourtant.

Pourtant, oui j’ai encore des choses à enregistrer et j’en suis presque confus au regard des bilans de ma situation créatrice. Le dernier s’appelle distimedeathmetalsdeaddude en hommage au fameux album d’Underworld (dubnobasswithmyheadman) qui m’avait tant marqué de tous points de vue, mais aussi en réaction à ces centaines de tracks que j’ai créé et qui me sont semblées en un instant de lucidité obscure et instantanée comme être à la basse ce que le death métal est à la guitare. Effroi de voir à quel point mon travail m’était à présent illisible. Je voulais faire à présent des tracks avec un égaliseur mieux réglé et changer mes priorités soniques, essayer de m’affranchir un peu de mon plaisir physique solitaire que je trouvais dans le sombre réconfort de basses profondes. J’ai essayé et comme le disent certains commentaires nombreux sur cet album, j’ai peut-être réussi à accrocher un peu de lumière.

79 albums, 13 millions de tracks downloadés et encore l’excitation lubrique lors de la mise en ligne, excitation si vitale qu’elle m’impose d’aller vite, de travailler dur pour essayer de retranscrire ce que j’ai en tête lors de cette transe, et de faire un effort pour ne pas oublier trop de notes au passage. A moins descendre je me suis retrouvé un peu face à mes amours ambients enfin, ambient en opposition à ce style léthargique que j’affichais par moments rares, ambient enfin loin du désir de d’animer la pensée, de faire bouger les choses.

Peut-être y a-t-il de l’espoir que cela débouche sur autre chose, comme ces commentaires et mots-clés qui pointent un de mes maîtres de cosmos intérieur, The Aphex Twin. Merci mais c’est trop d’honneur. Je me souviens de cet interview de RJD2 dans laquelle il mesure l’ampleur du travail solitaire et laborieux qu’il faut fournir avant que cela n’en vaille la peine, alors moi aussi il me faudra une centaine d’albums sur mon site pour voir émerger quelque chose avant de me résigner. J’ai encore un peu d’excitation à sampler à droite à gauche, à voler ce quelque chose, à transmettre en cachant l’étiquette pour qu’elle ne marque pas trop les esprits, mais mon labeur s’emploie maintenant non plus à cacher l’emprunt mais à révéler mon apport intime. Ma vie devant mes instruments n’y suffira pas sans doute mais j’avance. A ma décharge ai-je sans doute trop de temps à disposition et trop peu de contraintes conséquentes. Do your thing.

Moins, certes mais que faire face à cette fear of flying, comme dans la chanson de The Auteurs ? Je n’y suis pas encore mais je commence à être plus dans les conditions qui amènent la Zone de création. J’aimerai m’affranchir de la jouissance pulsive de mettre en ligne, chose que je fais pour diverses choses depuis environ 20 ans, mais je dois avouer que je ne réalise encore ce que je crée que par la mise en ligne, un peu comme un photographe qui aurait besoin non seulement de développer la pellicule de ses prises de vues mais aussi de voir le papier sécher. Peut-être que je suis dans la mise en ligne et que la musique n’est qu’un prétexte pour assouvir mes pulsions, ayant dans des contextes antérieurs déjà abusé de ma liberté de mettre en ligne des mots et des pixels. Franchement je ne m’explique pas mon besoin de ce révélateur, de me soumettre aux votes, aux téléchargements, à l’écoute.

On dit souvent qu’un fantasme récurant de programmeur est la télépathie et je pense que dans mon cas il y a une part de vérité dans cela même et peut-être surtout quand je ne code pas. Je me souviens de personnes me posant des questions sur la nature de mon travail musical à l’occasion de mes rares prestations publiques: J’ai dit des choses qui ne sont pas vraiment exactes : Je ne fais pas du sound design, je ne compose pas, j’essaye juste de prendre du plaisir avec des machines et j’essaye vainement de figer la dynamique d’un instant très intime et personnel. Je ne suis pas musicien car je suis incapable de lire une partition et que je ricane quand les gens avec qui j’essaye de jouer me parlent d’une note ou d’une autre, je suis musicien car je tente une expérience maladroite de télépathie entre personnes physiques par l’intermédiaire des sons. Je n’ai aucune virtuosité à l’instrument donc je n’ai pas la prétention de diriger ma musique dans une direction précise, d’influer sur les cours des choses. C’est un peu comme si j’appuyais sur des boutons pour voir si cela cadre avec ce que je ressent quand j’ai extrait du sample sur lequel je me base ce qui m’excitait. Avec les années et les albums j’ai appris à faire cela plus rapidement mais au fond je crois que cela reste cela.

Qui vivra. Qui entendra ? J’ai du pain sur la planche.